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SHAMO ROTO Farhad

Droits des minorités et des réfugiés

Description

Farhad Shamo Roto est un réfugié irakien défenseur des droits de l’Homme issu du peuple autochtone Ezidi. En 2014, il a survécu au génocide mené par Daesh qui ciblait sa communauté. Cela a amené Farhad à vivre dans un camp de réfugiés pendant trois ans, avant de s’installer en France où il a obtenu le statut de réfugié. Le lauréat y a créé son association Voice Of Ezidis, qui défend les droits fondamentaux de sa communauté par l’éducation, l’intégration et le plaidoyer. Farhad est titulaire d’un master de l’HEIP Paris et est actuellement doctorant en sciences politiques au CEDS. Il a été lauréat de l’Institut de l’Engagement, et a également été nommé European Leader de la Fondation Obama. En 2022, Farhad a fondé ICanHelp.Host, une plateforme de solidarité qui a permis à plus de 14 000 familles ukrainiennes fuyant la guerre de se loger gratuitement.

« On travaille malheureusement à défendre une minorité qui n’est une priorité pour personne. »

 

Interview de Farhad Shamo Roto – 12 mai 2023

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Farhad Shamo Roto et je suis un réfugié irakien YEzidi résidant en France. Ma communauté a été victime d’un génocide mené par l’Etat islamique en 2014 et a toujours été la cible de discriminations, d’isolations et de tentatives d’annihilation. J’étudie les relations internationales et la diplomatie et mon doctorat porte sur le génocide Ezidi. Je suis également un défenseur des droits des survivants de ce génocide. Mon association s’appelle Voice of Ezidis et se bat pour les droits de ma communauté à travers trois piliers : l’intégration et les sponsors, la sensibilisation et l’éducation, ainsi que le plaidoyer et les campagnes.

Qu’attendez-vous de l’initiative Marianne dans la consolidation de votre projet ?

En France, nous accompagnons les réfugiés et demandeurs d’asile Ezidis dans leur processus d’intégration et d’accès aux droits et nous signalons leurs besoins aux autorités. Notre travail consiste également à sensibiliser et à plaider la cause des Ezidis pour une meilleure reconnaissance du génocide, et pour obtenir la justice et l’attention que la communauté mérite. Aussi, nous sommes la seule organisation française à travailler activement sur le sujet. En tant qu’association dirigée exclusivement par des réfugiés, survivants du génocide et bénévoles, nous souhaitons que les acteurs français identifient nos besoins et nos demandes tels que l’accès à un bureau qui constitue un défi administratif auquel nous sommes confrontés depuis maintenant plus de trois ans.

J’espérais également pouvoir bénéficier d’un contact direct avec les autorités grâce au programme de l’initiative Marianne, ce qui est chose faite. Notre association a besoin de ces contacts pour accompagner les familles à deux niveaux : d’une part, nous avons besoin de l’implication de différents acteurs comme les autorités locales, les consulats français en Irak, l’ambassade, le ministère de l’Intérieur, dont la direction de l’asile, pour soutenir les Ezidis dans leurs processus d’intégration et de réunifications familiales en France. D’autre part, nous cherchons à obtenir un contact direct avec la communauté européenne et internationale afin qu’elle puisse réagir au défi auquel fait face la communauté Ezidie en Irak, dont les conditions de vie actuelles demeurent difficiles et incertaines.

Avant l’initiative Marianne, c’était très compliqué d’obtenir des contacts et du soutien, mais je suis parvenu à rencontrer des représentants de différents ministères et même le Président de la République.

Quelles sont les activités qui vous ont été le plus utiles depuis le début du programme ?

Je dirais qu’il y a trois activités principales qui m’ont été le plus utiles : les rencontres avec les autorités, l’accompagnement social et le suivi de projet, qui m’aide énormément à atteindre mes objectifs.

Quelles sont les activités futures qui vous apporteront le plus selon vous ?

J’ai hâte de rencontrer l’AFD et d’autres structures qui pourraient nous aider dans notre projet, comme la Mairie de Paris. On travaille malheureusement à défendre une minorité qui n’est pas considérée comme une priorité. Je suis surtout là pour me construire un réseau qui m’aidera par la suite à atteindre les objectifs de l’association.

Qu’avez-vous prévu de faire après la fin du programme ?

Je souhaite améliorer le projet de l’association et travailler avec tous les acteurs que j’aurai rencontrés pendant le programme sur le long terme afin de trouver des solutions pour ma communauté.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Cela fait neuf ans que ma communauté a été victime d’un génocide, mais ce drame n’appartient pas au passé et ses conséquences sont toujours d’actualité. Les Ezidis sont confrontés au conflit et au manque de sécurité et de bien-être. Des milliers sont encore portés disparus et la majorité des survivants vit toujours au sein de camps de réfugiés dans des conditions terribles. Des centaines d’enfants ont été séparés de leurs parents. Notre communauté bénéficie de moins en moins de soutien international bien que les séquelles du génocide soient toujours d’actualité.

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