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ROSALES SIERRA Teodomira

Droits des femmes et des enfants, lutte contre les disparitions forcées et les violences sexuelles

Description

Teodomira Rosales est une avocate afro-indigène, fondatrice et présidente du Centro Regional de Defensa de Derechos Humanos depuis 1997. Elle est principalement reconnue pour son travail contre les disparitions et déplacements forcés au sein de l’État de Guerrero au Mexique. Teodomira accompagne les familles des victimes de disparitions forcées dans leurs démarches administratives et juridiques. Elle a également cofondé le collectif national de lutte contre le déplacement forcé au Mexique. De plus, elle s’engage activement auprès des victimes de violences sexuelles, leur offrant un accompagnement juridique, et milite pour l’accès à l’eau potable des communautés autochtones.

« L’Initiative Marianne m’a redonné la force nécessaire pour continuer à lutter. »

 

Interview de Teodomira ROSALES SIERRA – 27 juin 2024

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Teodomira Rosales Sierra, je suis avocate, défenseure des droits humains et directrice du Centre Régional de Défense des Droits Humains José Maria Morelos Pavón à Guerrero, au Mexique. J’accompagne des victimes de déplacements forcés, de disparitions forcées et de violences sexuelles.

Pourriez-vous décrire votre engagement en tant que défenseure des droits humains ?

Je mène un travail difficile mais indispensable. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été témoin des abus et violations des droits humains perpétrés par les autorités au sein de ma communauté . Aucun de nous n’avait conscience de l’importance de faire respecter nos droits et de nous défendre : c’est cela qui m’a poussée à m’engager en tant que défenseure des droits humains.

Je suis engagée contre les disparitions et déplacements forcés au sein de l’État de Guerrero. Mon travail vise à accompagner quotidiennement les familles de victimes de disparitions forcées : je les soutiens dans leurs démarches juridico-administratives et les aide psychologiquement à surmonter le traumatisme.

Je m’engage également à sensibiliser les femmes et les filles de ma région à leurs droits, car la violence y est présente et banalisée. Durant la pandémie, les violences de genre et les violences sexuelles ont drastiquement augmenté, notamment au sein des communautés indigènes où les femmes ne parlent pas espagnol . Notre travail consiste à comprendre ce qu’elles ont vécu, afin de les accompagner juridiquement et de leur apporter un soutien émotionnel. Cependant, peu d’entre elles osent entreprendre cette démarche complexe , certaines allant jusqu’à dire qu’elles ne le feraient que si elles étaient payées.

Comment l’initiative Marianne a-t-elle contribué à la réalisation de votre projet ?

Je suis profondément reconnaissante envers ce programme qui soutient les défenseurs des droits de l’homme à travers le monde. Avant d’intégrer le programme, j’étais constamment menacée de mort dans mon pays, ce qui était éprouvant pour ma famille et moi. L’Initiative Marianne m’a offert un moment de répit, me permettant de retrouver un sentiment de sécurité et de raviver ma détermination à lutter en faveur des droits de l’Homme. Elle m’a permis de prendre le temps de réfléchir à mon travail, d’affiner mes stratégies et de renforcer mes compétences.

L’Initiative Marianne offre de la visibilité à des luttes souvent peu médiatisées et à de petites organisations disposant de faibles ressources économiques. Cela nous permet de nous développer, de gagner en crédibilité et en efficacité. Les formations proposées sont également très enrichissantes. J’espère que l’Initiative Marianne se poursuivra dans le temps.

Quelles formations vous ont été les plus utiles durant le programme ?

Les séminaires sur la gestion de projet et le droit international humanitaire ont été extrêmement utiles, car j’ai appris à concevoir des projets de manière précise. La formation qui m’a le plus marquée reste le séminaire de négociation et de leadership animé par Fahimeh Robiolle à Sciences Po. De plus, la formation sur l’utilisation des réseaux sociaux a été particulièrement importante, nous apprenant à visibiliser notre travail.

Plus globalement, ce programme m’a donné la force de continuer à lutter. De nombreux défenseurs des droits abandonnent leur combat pour s’exiler face à des situations trop difficiles, ce qui a failli être mon cas. L’Initiative Marianne m’a redonné la force nécessaire pour persévérer.

Qu’allez-vous faire après avoir terminé le programme ?

Je vais rentrer au Mexique afin de poursuivre mon travail. Je prévois de solliciter des réparations pour les victimes de déplacements forcés, ainsi que pour les familles des peuples indigènes n’ayant pas accès aux besoins de base comme la nourriture et l’eau. Le changement climatique est également une cause qui me touche beaucoup. De plus, je continuerai à accompagner les femmes victimes de violences.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Lors de la sélection de la prochaine promotion, il semblerait enrichissant de diversifier et élargir les âges des lauréats, les personnes plus âgées ayant beaucoup à nous apprendre.

N’hésitez pas à nous communiquer les luttes que vous menez dans votre pays, car elles sont une source d’inspiration pour nous.

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