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IMANOVA Tamilla

Droits civiques et politiques, droits des femmes

Description

Tamilla Imanova est une avocate russe spécialisée dans les droits de l’Homme qui a déjà plaidé devant des tribunaux russes, européens et internationaux. Elle travaille depuis quatre ans pour Memorial, une ONG qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2022. Tamilla a réussi à défendre la cause de femmes victimes de violences conjugales en 2022 devant la Cour européenne des droits de l’Homme, mais a aussi traité divers cas de torture infligée à des civils par l’Etat, et d’arrestations illégales pour participation à des protestations pacifiques. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, elle a fui la Russie par peur d’être poursuivie pénalement et vit désormais en Pologne.

 

 

Interview de Tamilla Imanova – 23 mars 2023

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Tamilla Imanova et je suis une avocate russe spécialisée dans les droits de l’Homme, notamment dans les droits civiques et politiques, les droits des femmes et, plus généralement, dans les droits établis dans la Convention européenne des droits de l’Homme.

Qu’attendez-vous de l’initiative Marianne dans la consolidation de votre projet ?

Depuis 2022, la Russie a totalement laissé tomber le droit international et les institutions européennes ; donc en tant que lauréate de l’initiative Marianne, j’essaie de développer mes compétences dans le domaine du plaidoyer international. Mon autre objectif est de faire entendre la voix de la société russe anti-guerre et anti-Poutine et de faire en sorte que la communauté internationale et européenne soit plus informée quant aux répercussions auxquelles la société russe est confrontée. Les mesures qui ont été prises sont compréhensibles, mais la plupart d’entre elles affectent les opposants libres d’esprit et leur rendent la vie impossible.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre ONG ?

Memorial existe depuis les années 1980, elle a été créée quelques années avant la dissolution de l’Union soviétique. L’idée initiale était d’effectuer des recherches sur les crimes commis à l’époque de Staline. Dans les années 1990, une ONG distincte a été créée, le centre des droits de l’Homme de Memorial. Cette ONG est liée à l’ONG d’origine mais se concentre sur les crimes de la Russie moderne en menant des recherches et en plaidant devant les tribunaux internationaux, notamment concernant des crimes liés aux guerres de Tchétchénie et à l’invasion russe de la Géorgie en 2008. Memorial est aussi active en Ukraine depuis 2014. En 2021, le gouvernement russe a fermé les deux ONG et nous a poussés à quitter le pays. L’ensemble des ONG Memorial a reçu le prix Nobel de la paix en 2022.

Quelles sont les activités qui vous ont été le plus utiles depuis le début du programme ?

J’ai bien aimé visiter des lieux inspirants comme la Maison des femmes et la Maison des journalistes, car ça m’a permis d’apprendre certains mécanismes, notamment sur la façon dont on doit aider une victime de violence ou une victime de la répression gouvernementale par exemple. J’ai aussi pu rencontrer des personnes inspirantes. La rencontre qui m’a le plus marquée était celle avec Parwana Paikan. Elle travaille ici en France pour l’ambassade d’Afghanistan. On a discuté avec elle pendant des heures et on aimerait vraiment la rencontrer à nouveau. J’apprécie beaucoup ces rencontres parce qu’elles me permettent d’en savoir plus sur leur combat à l’autre bout du monde qui touche d’autres sujets, et de voir en quoi leur expérience est différente de la mienne.

Quelles sont les activités futures qui vous apporteront le plus selon vous ?

J’ai été mise en contact avec le barreau de Paris, on m’a dit que j’allais aussi être mise en contact avec le Conseil de l’Europe, et je suis très heureuse de collaborer avec eux dans le futur. J’ai récemment pris la parole lors de l’inauguration d’une exposition sur les arrestations massives en Russie et les prisonniers politiques. C’était une grande collaboration entre la résistance féministe anti-guerre de Russie, Memorial et la Mairie de Paris. Je collabore également avec Russie-Libertés, une ONG qui lutte pour la promotion des idées anti-Poutine en Russie. Avec le Groupe SOS on est en train d’identifier des acteurs et des hommes et femmes politiques qui pourraient bénéficier de rencontres individuelles avec moi, et inversement. J’aimerais aussi être en contact avec la société civile et échanger des bonnes pratiques.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Cette expérience a été très stimulante et chaque mois les activités sont de plus en plus intéressantes. Il y a eu ce voyage à Strasbourg qui a été tellement riche ! Et il y a aussi le voyage à Genève qui est prévu, je suis émerveillée semaine après semaine !

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