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DE LA CRUZ Dennis

Droits des peuples autochtones, cybersécurité

Description

Dennis de la Cruz est un chargé de communication et médiateur social afro-équatorien engagé dans la défense des droits de l’homme depuis 2007. Il a été activement impliqué dans des organisations et collectifs travaillant sur les thèmes de la communication communautaire, l’éducation populaire et la promotion des droits. Il travaille à la Fondation régionale de conseil en droits de l’homme (Inredh), une des organisations de défense des droits de l’homme les plus importantes en Equateur. Dennis est aussi membre de « El Churo », une organisation soutenant des processus d’éducation communautaire et la plateforme numérique engagée « Wambra ». Il produit différents documentaires sur les exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, torture, migration et extractivisme entre 2018 et 2021 (ex. « Brutal como el rasgar deun fósforo »). Il fait aussi partie de la coalition d’organisations défendant les droits numériques en Equateur.

Interview de Dennis De la Cruz – 19 avril 2024

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Dennis De La Cruz et je travaille dans la défense des droits au sein de l’une des plus anciennes organisations des droits humains en Equateur, Inrehd. Je fais partie de l’équipe de communication, notamment en charge des recherches et de la production audiovisuelle. Je m’occupe également du bon fonctionnement des plateformes informatiques, telles que la page web, les adresses mails, etc.

Pouvez-vous décrire votre engagement en tant que défenseur des droits de l’homme ?

En tant que défenseur des droits, je suis particulièrement engagé pour la cyber-sécurité. En Equateur, les technologies de contrôle de la population (systèmes de caméras de surveillance) se sont répandues et sont installés avec l’accord de l’Etat pour réduire l’insécurité et la délinquance. Néanmoins, non seulement ces systèmes n’ont pas permis de réduire l’insécurité en Equateur, mais leurs usages ont été détournés pour surveiller la population, et plus particulièrement les défenseurs des droits et les personnes déjà discriminées.

L’absence de norme implique un manque de régulation concernant leurs usages. C’est pourquoi lors des crises politiques, ces dispositifs sont utilisés pour contrôler les dissidents et opposants. Dès lors, ils ne protègent pas les citoyens mais servent à les poursuivre.

C’est pourquoi, dans le cadre de ma participation à l’Initiative Marianne, j’ambitionne d’établir un premier projet de loi sur la régulation de l’usage des caméras de surveillance afin de protéger les défenseurs des droits humains en Equateur.

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager pour les droits humains ?

En tant qu’afro-équatorien, j’étais perçu et traité différemment du reste de la population. En Equateur, les minorités, et notamment les descendants afro-équatoriens et autochtones sont marginalisés et font face à des violations et restrictions de leurs des droits fondamentaux (accès à l’éducation, santé, eau potable, etc.). Confronté à ces injustices dès l’enfance, je devais faire quelque chose pour promouvoir et protéger les droits des populations marginalisées. C’est pourquoi j’ai choisi de dédier ma vie et mon travail à ce combat, afin de changer cette réalité.

Qu’attendez-vous de l’Initiative Marianne dans la consolidation de votre projet ?

Mon attente concernant le programme est d’obtenir davantage de contacts afin de pouvoir travailler conjointement en faveur des droits humains et d’être soutenu à l’international. Cette dimension internationale est centrale. Si l’Equateur est observé par la communauté internationale, cela peut pousser les autorités à développer des dispositifs permettant de s’attaquer aux problèmes actuels. En outre, ma participation à l’Initiative me permet d’avoir une visibilité internationale pour dénoncer les abus.

De plus, les organisations équatoriennes font face à une situation économique complexe, car elles manquent de ressources et de personnel pour mener leurs activités. L’important pour moi est donc d’acquérir des soutiens et financements.

Qu’attendez-vous des activités du programme de l’Initiative Marianne ?

Dans le cadre de l’Initiative Marianne je suis des formations et je rencontre différentes personnalités. Grâce à cela, je développe une vision différente du travail dans le domaine des droits humains. Le programme me permet également d’acquérir des connaissances primordiales, concernant les juridictions et le système européen. En outre, il me met en lien avec des organisations et gouvernements, pour créer d’éventuelles coopérations. Ces échanges me permettent d’apprendre des expériences des autres acteurs français et internationaux, et partager les miennes en tant qu’expert des droits du digital.

A titre d’exemple, le gouvernement français avait été un allié important pour les équatoriens lors de l’Examen Périodique Universel des Nations Unies.

Qu’avez-vous prévu de faire après la fin du programme ?

Après les six mois en France, je vais retourner en Equateur et continuer à m’investir au sein de l’Inrehd. Je continuerai ainsi mon travail, mon engagement, fort des contacts et outils acquis lors du programme de l’Initiative Marianne. Je souhaite faire perdurer mes liens avec les équipes de l’Initiative et du gouvernement français qui m’ont accompagné pour soutenir mes activités en faveur des droits humains.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

La situation actuelle de l’Equateur est très préoccupante. Les défenseurs des droits sont stigmatisés car les discours officiels les rendent coupables des problèmes du pays. Les besoins de la population ne sont pas pris en compte, les droits limités, et la population contrôlée. L’absence de mesures concrètes pour changer la situation, mais également la militarisation, le recul des droits humains et la stigmatisation des communautés m’inquiètent fortement.

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